La thérapie LGBTQI+ affirmative n’est pas une méthode de thérapie indépendante. Plutôt, elle représente un ensemble de connaissances psychologiques qui mettent à l’épreuve la croyance traditionnelle que les diversités de genre, sexualité et relation sont pathologiques. La thérapie LGBTQI+ affirmative utilise les méthodes de thérapie traditionnelles mais procède de manière non traditionnelle. Cette approche considère que ce sont les “LGBTQI+ phobies” (portées par l’autre ou intériorisées) qui sont un facteur pathologique majeur dans le développement de certains symptômes chez les personnes LGBTQI+, et non pas les les identités LGBTQI+.*

 

Ainsi la pratique d’une thérapie LGBTQI+ affirmative n’est ni plus ni moins que l’incarnation d’une posture d’ouverture à la différence de l’autre, mais aussi à l’autre en soi. Être capable d’accueillir une personne, par exemple homosexuelle, dans la bienveillance suppose d’avoir travaillé en amont sur notre potentiel d’homophobie consciente et, surtout, sur notre homophobie inconsciente. Car, qu’on le veuille ou non, nous vivons dans une société dont l’inconscient collectif est empreint de LGBTQI+ phobie. De fait, nous en sommes individuellement marqués, et sommes appelés à les dépasser.

Passer de LGBTQI**+ à GSRD***

Le terme GSRD est suggéré par l’institut Pink Therapy (créé en 1999). Son fondateur, Dominic Davies, travaille depuis près de 40 ans au développement de l’accueil thérapeutique bienveillant et non pathologisant pour les personnes à Diversité de Genre, Sexualité et Relation.

Au bout du compte, parler de personne LGBTQI+ ou de personne GSRD revient au même. Cependant, contempler le terme GSRD permet d’envisager plus de diversité, plus de possible. Il permet aussi de rassembler tout le monde sous un même terme, sans hiérarchie.

Parler de communauté ou personne GSRD plutôt que LGBTQI+ permet de passer d’un acronyme qui restreint à des identités à un acronyme qui ouvre sur la diversité

  • Habituellement, le sigle LGBTQI+ est peu utilisé. Généralement, on parle des LGBT, laissant de côté les “QI+”. Et quand bien même on les inclut, le fait même que certain.nes bénéficient d’une lettre et d’autres d’un “+” instaure une hiérarchie. Les faits parlent d’eux mêmes : presque tout le monde sait ce que veut dire le L de LGBTQI+, beaucoup moins savent ce que le “Q”, le “I” ou le “+” veulent dire. 
  • Dans LGBTQI+, il est surtout question d’identité de genre et de sexualité. Or avec l’acronyme GSRD, on prend aussi en compte la diversité de relation.

En bref, accueillir un public GSRD dans une posture affirmative consiste à :

  • connaître les cultures et les réalités GSRD ; le cas échéant, se documenter dessus. Ne pas être dans l’attente que ce soit les patients.es qui nous éduquent,
  • connaître les enjeux, problématiques et discriminations relatifs aux publics concernés,
  • être conscient des mécanismes de micro-agression et être dans une capacité de remise en question de sa posture en conséquence,
  • avoir travaillé sur ses propres limites, croyances limitantes, GSRD-phobie inconsciente,
  • accueillir les patients GSRD dans leur totalité, que le motif de consultation soit en lien avec leurs identités ou non,
  • à l’image des acronymes LGBTQI+ et GSRD, être capable d’accueillir et de respecter les personnes dans leur réalité sans les enfermer dedans (c’est-à-dire en s’armant contre les préjugés),
  • considérer comme pathologiques les GSRD-phobies et non les identités LGBTQI+.

 

 

* La définition que je propose ici est directement et librement adaptée de la définition de la thérapie affirmative gay décrite par Dominic Davies en 1996 comme ci-dessous :

“Gay affirmative therapy is not an independent system of psychotherapy. Rather it represents a special range of psychological knowledge which challenges the traditional view that homosexual desire and fixed homosexual orientation are pathological. Gay affirmative therapy uses traditional psychotherapeutic methods but proceeds from a non-traditional perspective. This approach regards homophobia, as opposed to homosexuality, as a major pathological variable in the development of certain symptomatic conditions among gay men.” dans Pink Therapy, a guide for councellors and therapists working with lesbian, gay and bisexual clients, edited by D. Davies and Charles Neal.

 ** LGBTQI+ : Lesbienne, Gay, Bisexuel.le, Transgenre, Queer, Intersex et « + » pour Autres.

 *** GSRD : Gender, Sexuality and Relationship Diversity / Diversité de Genre, Sexualité et/ou Relation.

Merci à Dominic Davies d’avoir donné son accord pour l’utilisation de ses visuels.
Pour plus d’informations sur le travail éfféctué et les formations proposées par Pink Therapy, cliquer ici.