On parle souvent de “la” communauté LGBT, parfois on y ajoute “QI”, et quelquefois on parle même du fameux “+”. Mais savons-nous toujours exactement de quoi il s’agit ?*

Je vais vous présenter une partie des identités LGBTQI+ afin que vous soyez plus à l’aise avec ces termes et vous pourrez ainsi mieux accueillir les personnes concerné.e.s. 

J’ai conscience que je ferai des oublis car le sujet est plus vaste que quelques posts facebook alors, pour combler le manque et dans un souci d’inclusivité, je terminerai en beauté avec la présentation d’un acronyme alternatif révolutionnaire nous venant tout droit de Londres et nous invitant à changer de regard… Surprise !

L pour Lesbiennes !

Le mot lesbienne vient de “Lesbos” qui est une île grèque où est née la poétesse Sappho, célébre pour avoir été elle-même lesbienne. 

Le terme lesbienne désigne une personne s’identifiant comme femme et ayant une attirance et/ou une pratique sexuelle avec une ou des autres personnes s’identifiant femmes. (A noter que l’on ne parle pas ici d’organes génitaux spécifiquement car l’on peut être lesbienne et avoir un pénis).

Le mot lesbienne fait donc référence à une identité sexuelle.

Synonymes : “homosexuelle” et “gay”.

G pour Gay !

Le mot gay est un emprunt à l’anglais. Dans les années 1935 le mot apparaît dans l’argot des prisons Etats-Uniennes sous l’expression “gay cat” afin de désigner un jeune vagabond, compagnon d’un homme plus âgé. Il a commencé à être utilisé aux Etats-Unis avec la signification actuelle à partir de 1951.

Le terme gay désigne une personne s’identifiant comme homme et ayant une attirance et/ou une pratique sexuelle avec une ou des autres personnes s’identifiant hommes. (A noter que l’on ne parle pas ici d’organes génitaux spécifiquement car l’on peut être un homme gay et avoir un vagin).

Le mot gay fait donc référence à une identité sexuelle.

Synonyme : “homosexuel”.

En France, l’homosexualité est dépénalisée depuis 1791, mais le fichage des homosexuels par la police s’est poursuivi jusqu’en 1981. Jusqu’au 18ème siècle, la sodomie, identifiée comme une pratique sexuelle homosexuelle, était passible de peine de mort.

B pour Bisexuel.le !

Le mot bisexuel.le est construit à partir de “sexuel” et du préfixe “bi” emprunté au latin et marquant la duplication. Il commence à être utilisé dès la fin du 18ème siècle comme adjectif pour signifier “posséder des caractères des deux sexes”.

Aujourd’hui le mot bisexuel.le désigne une personne ayant une attirance et/ou une pratique sexuel avec une ou des autres personnes s’identifiant comme hommes ou femmes.

Le mot bisexuel.le fait donc référence à une identité sexuelle.

Attention à ne pas confondre la bisexualité et la pansexualité. J’aborderai ce point plus tard dans la semaine.

T pour transgenre !

Le mot transgenre est issu de l’anglais “transgender” et est composé du préfixe “trans” et de “genre”.

Une personne transgenre est une personne dont l’identité de genre ne correspond pas au genre assigné à la naissance. A l’inverse d’une personne cisgenre, dont l’identité de genre correspond au genre assigné à la naissance. Généralement, le genre assigné à la naissance est “homme” ou “femme”. L’identité de genre d’une personne transgenre peut être “homme”, “femme”, “neutre”, “non-binaire”, “homme et femme”, “fluide”…
Il existe plusieurs termes permettant aux personnes transgenres de s’identifier en fonction de leur genre et/ou des éventuels choix qu’elles peuvent faire dans le cadre d’une transition. Il n’y a pas besoin d’avoir recours à un traitement hormonal ni à de la chirurgie pour s’identifier comme personne transgenre.  Il est donc important de comprendre les termes suivants : trans(genre) MtF / FtM / FtX / MtX ; AFAB ; trans(genre) pré-op / post op**

Le mot transgenre fait donc référence à une identité de genre.

Le mot “transsexuel.le” est aujourd’hui controversé car longtemps utilisé par la médecine et la psychiatrie pour catégoriser la transidentité comme maladie mentale. Aujourd’hui certaines personnes utilisent le terme transsexuel et d’autres le considèrent comme insultant. Afin de ne pas prendre le risque de blesser quelqu’un.e il est plus prudent d’utiliser le vocabulaire utilisé par les personnes concerné.e.s avec qui vous êtes en lien, voire leur demander leur ressenti sur la question.

En février 2010, la France a été le premier pays au monde à retirer le “transsexualisme » et les « troubles précoces de l’identité de genre » de la liste des affections psychiatriques. En 2019 seulement, c’est au tour de l’Organisation Mondiale de la Santé de retirer la transidentité de la catégorie des troubles mentaux.

 

Q pour Queer !

“Queer” est un mot anglais traduit en français par “étrange”, “bizzard”. Bien qu’il prend un sens plus large et plus personnel aujourd’hui, le mot queer a longtemps été utilisé pour désigner ceux.celles qui n’étaient pas “straight” ( “droit” en anglais, mot d’argot pour “hétérosexuel”). Ainsi, par extention, queer signifie “ce qui est pas identifié comme la norme”. De plus il existe un mouvement queer et une identité queer.

La signification de queer est complexe. Il existe sûrement autant de définitions du mot que de personnes queers. Je vais donc vous proposer une définition qui est la mienne, basée sur mon ressenti en tant que personne queer et ma compréhension du ressenti de mes pairs, faute de pouvoir faire mieux. Une personne queer est donc une personne qui ne se retrouve pas dans au moins une identité normée (les identités normées étant hétérosexuel.le, cisgenre et monogame).

Le mot queer se réfère donc à une identité de genre, de sexualité et/ou de type de relation. (Encore un peu de patience, nous arrivons bientôt à la question de la pratique relationnelle !)

I pour Intersexe !

Le mot intersexe est formé à partir de “sexe” avec le préfixe “inter” pour désigner les personnes qui sont “entre deux sexes”, mâle et femelle, homme et femme, dans une lecture binaire du genre.

Les personnes intersexes sont des personnes né.e.s avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins. Selon les chiffres officiels, 2% de la population mondiale est intersexe. C’est-à-dire qu’il y a autant de personnes intersexes que de personnes roux.ses sur terre ! Contrairement à l’idée reçue, l’intersexualité ne se définit pas uniquement par les organes génitaux. 

A la naissance, un genre nous est assigné, homme ou femme, selon notre morphologie génitale. De ce fait, afin de faire rentrer les personnes dans les cases “homme” ou “femme”, la médecine procède très tôt à des opérations de “normalisation” des corps des personnes intersexes, souvent dès le plus jeune âge et sans le consentement de la personne concerné. Aujourd’hui encore en France, la communauté intersexe doit se battre pour être reconnue et continue de dénoncer ces opérations toujours pratiquées, synonymes de mutilation et de violation de l’intégrité de la personne.

Afin de mieux comprendre la réalité des personnes intersexes je vous recommande le documentaire poignant d’arte “Entre des sexes” (1h). Disponible en libre accès sur youtube : https://www.youtube.com/results?search_query=entre+deux+sexes+arte

Pendant longtemps l’intersexualité était considérée par la médecine comme une maladie, une malformation. On parlait alors de personnes “hermaphrodites”. Ce terme est aujourd’hui considéré offensant par les personnes concernées et est donc à éviter.

La France a été condamnée à trois reprises en 2016 par l’ONU pour ces mutilations sur enfants intersexes malgré un appel unanime à l’arrêt de ces mutilation par Amnesty International, Human Rights Watch, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme et du Conseil d’État. 

+ pour…. encore tellement plus de réalités à découvrir !

Avez vous déjà vu, lu, entendu ces mots ?

bear ; asexuel / gynephilia ; pan-sexuel ; BDSM/Kink ; vanille ; agenre ; bigenre ; aromantique ; gender fluid ; neutrois ;  genderqueer ; non binaire ; libertin.ine, demisexuel.le ; androphile ; litho romantique / akoi(ne)romantisme ; polyamoureux.reuse ; lithosexuel.le ; skoliosexuel.le ; two-spirit ; trigenre ; lipstick lesbienne ; butch ; bottom ; top ; …

Tous ces mots font référence : 

  • soit à une identité de genre (comme neutrois, bigenre, two spirit ou non-binaire…)
  • soit à une identité sexuelle (tel que lithosexuel.le…)
  • soit à une identité qui fait à la fois référence au genre et à la sexualité (bear, lipstick lesbienne…),
  • soit à une pratique sexuel/identité sexuel (BDSM/Kink, vanille, bottom, top,…),
  • soit à un mode relationnel (polyamoureux.reuse, libertin.ine, non-monogame…).

Force est de constater qu’il existe un large vocabulaire pour se définir, bien plus qu’on ne le pense, et bien plus que le petit apercu que je propose ici. C’est pourquoi je ne définirai pas ces termes : je vous propose d’en chercher la définition sur le web, là où des personnes concerné.e.s pourront le faire mieux que moi. Je fais ce choix parce que présenter tous les termes qu’il y a derrière ce “+” est pour moi une tâche impossible : il existe tellement de différences et de possibles qu’on n’aura jamais fini et il y aura toujours une identité ou une autre que j’oublierai. Alors, afin de prendre en compte tout le monde, je vous donne rendez-vous demain pour le dernier post de cette série, à la rencontre d’un acronyme qui pense à tout le monde sans oublier qui que ce soit !

 

GSRD pour… Diversité de Genre, Sexualié et/ou Relation*** !

Ce terme est proposé par l’institut Pink Therapy où j’étudie. Créé par Dominic Davies qui est une référence au Royaume-Unis, Pink Therapy travaille depuis plus de 30 ans au développement de l’accueil thérapeutique bienveillant et non pathologisant pour les personnes à diversité de genre, sexualité et relation (pinktherapy.com).

Parler de communauté ou personne GSRD plutôt que LGBTQI+ a plusieurs avantages : 

  • Habituellement, le sigle LGBTQI+ est peu utilisé. Généralement, on parle des LGBT, laissant de côté les “QI+”. Et quand bien même on les inclut, le fait même que certain.nes bénéficient d’une lettre et d’autres d’un “+” instaure une hiérarchie. Les faits parlent d’eux-mêmes : presque tout le monde sait ce que veut dire le L de LGBTQI+, beaucoup moins savent ce que le “Q”, le “I” ou le “+” veulent dire. 
  • Dans LGBTQI+, il est surtout question d’identité de genre et de sexualité (j’ai pris la liberté d’inclure certaines diversités de relation dans mon post sur le “+” qui ne sont pas forcément incluses par tous.tes). Or ce qui est révolutionnaire avec l’acronyme GSRD, c’est que l’on prend aussi en compte la diversité de relation.

En Bref !

En conclusion de ce (très bref) aperçu de ce qui existe en terme de diversité de genre, sexualité et relation, j’attire l’attention sur un point : notre identité ne se limite bien sûr pas à ces trois facteurs. Pour nous identifier, de nombreux aspects de nos vies sont aussi à prendre en compte (identité socio-culturelle, nationalité, origine, handicap, hobbies, couleur de peau, physionomie…). 

Ainsi dans un cadre de thérapie affirmative il est question d’accueillir la personne dans sa globalité, avec intention de bienveillance et sans jugement sur aucun des aspects de sa personnalité.

Le principe de base est le suivant : si une personne vit une difficulté en lien avec l’une ou l’autre de ses identités, on ne va pas chercher à remettre en cause l’identité elle-même. On ne va pas considérer l’identité en elle-même comme pathologique (ce qui a pu longtemps être le cas, et souvent encore avec l’homosexualité par exemple). On va accompagner la personne à trouver des solutions pour faire face à la problématique en elle-même dans le respect de qui elle est.

* Dans le cadre d’une campagne sur la visibilité des personnes LGBTQI+ en thérapie, j’ai proposé sur ma page facebook “thérapie LGBTQI+ Affirmative” une semaine de (petite) découverte des termes qui se cachent derrière ces lettres. Cet article est une compilation des posts facebooks…

**Je vous invite à chercher la définition de ces termes sur internet.

*** en anglais : Gender, Sexuality and Relationship Diversity.