De la même manière que l’on peut chausser ses “lunettes symboliques” et regarder un rêve, on peut les enfiler et s’intéresser à la langue française.
La langue française a la particularité, comme beaucoup de langue latine d’être genrée. Elle catégorise les sujets et s’accorde en genre, soit au masculin, soit au féminin. On pourrait penser que c’est le cas dans beaucoup de langues. Or, en anglais par exemple, il n’y a ni masculin, ni feminin pour les sujets. En allemand, il existe trois catégories : le masculin, le feminin et le genre neutre.
En français, si l’on parle d’un groupe de personnes explusivement femmes, on s’adressera à elles au féminin. Par exemple, on dira “elles sont allées au cinéma”. Par contre, s’il y a un seul individu masculin dans le groupe, on dira alors “ils sont allés au cinéma”, et ce même si l’on parle de 100 personnes et que 99 d’entre elles étaient des femmes.
Pourquoi ?
Pourquoi parler au masculin quand un groupe est majoritairement composé de femmes? Pourquoi beaucoup de femmes utilisent-elles même la forme masculine du nom du métier qu’elles exercent pour se présenter (“je suis docteur” ou « électricien » plutôt que “doctoresse” ou « électricienne »).
Parce que ce que l’on dit et la manière dont on le dit traduit des réalités conscientes mais aussi inconscientes. Or dans l’inconscient collectif, le masculin est perçu comme glorieux, positif, valorisant, puissant. De même que le féminin est considéré comme faible, de seconde classe, négatif, dévalorisant voire insignifiant. Ainsi, cette considération inconsciente collective se retrouve dans la réalité matérielle : Nous vivons dans une société où l’homme est considéré comme superieur à la femme. Inconsciemment, nous effectuons un transfert des figures masculines et féminines symboliques présentes dans la psyché sur la réalité matérielle et biologique et cela se traduit aussi par le langage.
La manière dont on appréhende le monde a une influence sur le langage.
Ceci est une vérité qui peut s’inverser.
Le langage a une influence sur la manière dont on appréhende le monde.
Ainsi en changeant notre manière de nous exprimer, nous effectuons un petit pas à la fois symbolique et éminemment concret vers une mise en valeur du féminin dans notre inconscient et par transfert, de la place de la femme et surtout de la féminité dans notre société.
Je vous invite donc à adopter l’écriture inclusive comme arme pour l’égalité !
L’intégration de cette innovation de la langue française dans l’écriture est un processus. Écrire en écriture inclusive, c’est comme ré-apprendre à écrire en Français. Ça prend du temps, on peut parfois faire des erreurs. Mais petit à petit, ça devient naturel. Aujourd’hui, je suis tellement habitué à l’écriture inclusive que si je lis un texte qui ne l’utilise pas, je le remarque et je trouve ça bizarre. Comme avec l’orthographe, je fais parfois des erreurs. Mais le plus important est l’intention et l’effort. Et plus nous serons nombreux·euses à la pratiquer, plus cela viendra influencer notre vision du monde, jusque dans notre inconscient !
Je vous propose donc ce petit guide de l’écriture inclusive que je trouve très bien fait : https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/initiative/manuel-decriture-inclusive/ Je vous invite tout particulièrement à consulter la partie “foire aux arguments en page 15” du manuel dont voici un extrait :
‘l’argument anti écriture inclusive du masculin générique : “ Le masculin est aussi le marqueur du neutre. Il représente les femmes et les hommes ”
En français, le neutre n’existe pas : un mot est soit masculin, soit féminin. D’ailleurs, l’usage du masculin n’est pas perçu de manière neutre en dépit du fait que ce soit son intention apparente, car il active moins de représentations de femmes auprès des personnes interpellées qu’un générique épicène. C’est un usage tellement courant que nous l’avons largement intériorisé. Cette problématique pourrait être mise en parallèle avec l’histoire du suffrage universel : le masculin n’est pas plus neutre que le suffrage n’a été universel en France jusqu’en 1944.’
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